Hopital.
Et je quitte l’hôpital demain.
Apres 10 jours d’hospitalisation qui vers les derniers jours frisent l’inutile, « je tiens le bon bout » comme disent toutes les infirmières dans leur langage hospitalier si particulier. « Je teins le bon bout » ça veut dire que je m’en sors bientôt, ca veut dire que demain je n’aurais plus à me doucher dans mon lit, je n’aurais plus les piqures intra-véneuses qui brulent et qui se font tout les deux jours pour éviter que la veine ne soit fragilisé et deviennent douloureuse, ce qui est le cas à chaque fois, je n’aurais plus de manque d’appétit, plus d’attente interminable, plus de 40° de fièvre, plus de piqure anti-phlebite, plus de béquille, plus d’enfant de bas-âge hurlant en plein nuit Papa Maman à tue-tête, plus d’urinoir, plus d’odeur douteuse dans les plats, et surtout plus de programme TV de milieu d’après-midi sur France 3.
Qu’est ce que ça va faire du bien. On apprécit tout à nouveau. Rien que le fait de se lever et de marcher on se dit « La vache j’avais pas remarqué mais j’ai des jambes de malade elles sont trop grande je tiens pas debout la. » Et puis quand on sent l’air libre ! Mais on se dit « j’ai jamais respiré de l’air aussi pur » oui même en plein milieu de Lyon on se croirait à Chamonix.
Il y a LA journée de la Terreur. Une journée ou j’ai passé 2 heures d’attente sur un fauteuil roulant avec 40 de fièvre et une douleur assomante au pied, attendant que le chirurgien ai fini de prendre « son petit déjeuner ». Mais bon pas de panique, « il arrive » nous dit l’infirmière. Oui mais madame vous savez au bout d’une heure et demi votre phrase stéréotype à deux balles de l’excuse bidon de oui il arrive et bah on y croit plus.
Non mais je me plains je fais mon pauvre petit garçon mais y a pas eu que des mauvais cotés.
Y a quelques avantages. Il y a l’anthenox. L’orthographe est complètement foireuse, mais c’est pas l’apparence qui compte, c’est le contenu. Quand on doit changer de bras pour la 8eme fois pour les perfusions parce que ça recommence à faire un peU MAL, alors l’infirmière va chercher quelque chose en disant « Attends je reviens » sur le ton le plus sérieux qui soit. Et là elle revient avec l’anthenox. Un masque inhalatoire. Tu va voir ça va te décontracter comme ça tu sentira pas la perfusion. ME DECONTRACTER ? MAIS CA MA ATOMISE POSSEDE EXPLOSE DEMONTE. On commence à respirer avec le masque, et au bout de 10 inspirations, je sais plus mon nom, quel âge j’ai, d’où je sors, qu’est ce que je fous ici dans cette salle pourquoi y a une dame qui me dit je vais chercher la piqure. Une drogue comme ça c’est pas possible ca vous transporte ailleurs on ne pense plus q’au petit sifflement qui s’échappe du masque. L’infirmière m’annonce « Tu va voir après on en redemande ». Oui elle a bien raison.
Y a aussi l’anesthésie générale. Ou plutôt le réveil. Le réveil, ou être sur et certain de vivre quelque chose alors qu’en vérité il ne se passe absolument rien. Ce qui veut dire que je suis sur et certain d’avoir passé une demi-heure à parler avec le médecin de choses tel que « Qui c’est qui a volé la cane d’Oussama ? » « Un voleur » « Je ne comprends pas pourquoi on ne légalise pas en France (paroles du médecin), tu vois déjà c’est légalisé en Espagne et en Angleterre, mais je vais te dire pourquoi : le système narco-trafiquant est beaucoup plus puissant que le système démocratique ». Evidemment ce n’estpas possible d’avoir parlé de ça vu que c’est complètement irréel et illogique, mais l’effet de l’anesthésie donne l’impression que tout est vrai. Un rêve éveillé. J’ai tenté de me casser un bras pour en ravoir une, mais il m’en ont empeché.
Il y a aussi les voisins de chambre. Quand je ne suis pas en isolation pour cause de contagion dangereuse, je me retrouve à coté de gens. Et ca c’est vraiment la fête. Je me suis retrouvé à coté du gars le plus foireux ayant jamais existé :
-Il est en 6eme.
-Il est à l’hosto pour s’être brisé toute la nuque en levant la tête vers le ciel-_-
-Il est fan de Totally Spies.
-Ces deux expressions favorites sont « C’est une merde » et « Il est con ».
-Son film mythique est Les Visiteurs En Amérique.
-Son meilleur ami s’appelle Clément.
-Il peut passer une heure et demi à jouer avec sa main.
-On lui a mis un suppositoire laxatif parce qu’il était constipé depuis 5 jours, je passe les détails.
-Il fait des booms parce que les anniversaires c’est gamin.
-Ses parents sont d’une autorité inexistante avec lui, c’est pourquoi il obtient une PSP en deux heures 45.
-Et enfin détail tout particulièrement incroyable, la cerise sur le gâteau : Il ronfle.
Oh merci Seigneur d’avoir brisé la nuque de ce jeune homme, ce qui m’a permis de me fendre la poire comme un malade pendant quelques jours.
Il y a les infirmières braves, gentilles et sympathiques, qui osent rester 10 minutes les bras tendus debout sur une chaise pour mettre une cassette dans la télé et pour accélerer, sachant qu’il existe une télécommande pouvant faire le même boulot avec plus de facilité. Ces infirmières, je les remercient, parce que un séjour à l’hopital sans elles je crois que j’aurais fait une crise cardiaque d’ennui.
Il y a les infirmières ingrates, antipathiques et, la plupart du temps vielles, qui ne vous lâcheront pas un regard, un mot, et qui prendront un Merci pour une insulte ou de l’ironie. Ces infirmières, je ne fais pas de commentaires, évitant de tomber dans un vulgarisme élevé et par la même occasion d’user des touches de clavier pour de telles personnes.
Il y a le Nutella et le jus d’orange de 15h30, servis par une infirmière aussi louable et aimable qu’une sainte bénévole, qui ranime un peu la journée fastidieuse du dimanche après-midi.
Il y a la vielle dame de la chambre 19 qui vient vous voir et qui s’inquiète pour moi comme si c’était ma propre grand-mêre.
Je suis jamais allé à l’hôpital avant. Fallait bien que ça arrive un jour.
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